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Crise agricole : un an après le cri du cœur de l’éleveur de Bazas, « rien n’a vraiment changé »

© Crédit photo : Laurent Theillet / SO

Article de Sud Ouest.

Publié le 27/02/2025.

Par Arnaud Dejeans

La fête des bœufs gras de Bazas est un îlot de bonne humeur au milieu d’un océan de difficultés pour la filière bovine. L’éleveur Philippe Bedubourg avait tiré la sonnette d’alarme l’an dernier. Ses doutes n’ont pas été dissipés en 12 mois

Des milliers de personnes pour donner le sourire aux restaurateurs, un spectacle bien orchestré pour faire vibrer le public et de magnifiques bœufs pour rendre fiers les éleveurs de Bazadaises : la fête des bœufs gras 2025 est parfaitement persillée. Mais ce rendez-vous n’est qu’une parenthèse : l’agriculture en général et l’élevage bovin en particulier traversent une crise profonde en France.

La prise de parole de l’éleveur Philippe Bedubourg avait secoué la place de la cathédrale l’an dernier : « Sans nous, demain, il n’y a plus d’agriculture. Il ne resterait que des ronces et des friches dans nos campagnes. Qu’allons-nous transmettre à nos enfants ? » Des mots forts qui ne se sont pas évaporés en douze mois. L’agriculteur d’Aubiac était de retour à Bazas ce 27 février 2025. Dans un autre rôle cette fois : « Je voulais faire une pause festive avec mes proches et présenter mes bêtes au concours », partage le patron de l’EARL La Bazadaise.

« Qui va prendre le relais ? »

Qu’est ce qui a changé en un an ? « Absolument rien. Nos exploitations sont toujours menacées », tranche Philippe Bedubourg avant d’ajouter : « Les éleveurs proches de la retraite ont du mal à trouver des repreneurs. C’est le cas dans ma famille. J’ai deux garçons, l’un travaille dans l’informatique, l’autre dans les travaux publics. Qui va prendre le relais ? »

L’ancien ministre de l’agriculture Marc Fesneau (2022-2024), de passage à Bazas suite à l’invitation de la députée MoDem Sophie Mette, va dans le même sens : « L’élevage fait partie d’un cercle vertueux. Sans lui, les autres productions seraient en péril. »

L’an dernier, l’éleveur Philippe Bedubourg avait alerté : « Il faut sauver l’abattoir de Bazas. » Cette semaine, le tribunal de commerce a prolongé de six mois la période d’observation de la structure, placée en redressement judiciaire le 28 février 2024. Il ne reste que six mois pour assainir la situation. Un nouveau directeur a été missionné : « Nous avons trouvé de nouveaux clients. Mais il faut mobiliser tout le territoire pour sauver la structure », résume le gestionnaire Elie Abou-Nader. Verdict mi-juin.

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