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Une dynamique d’innovation profitable au patrimoine

« Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné. » Déroutante, cette phrase a pourtant été prononcée par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. Il est celui qui, au XIXème siècle, a doté la cathédrale Notre-Dame-de-Paris de dizaines de nouvelles gargouilles, et notamment de son célèbre Stryge. La créature de pierre apparait 700 ans après le début de la construction du monument, et devient l’emblème du site qui – en des temps bien plus récents et avant le terrible incendie de 2019 – fut classé monument le plus visité d’Europe.
Cette anecdote montre que la vision d’un patrimoine qui serait, par nature, vieillissant et dont la restauration serait un simple coût est erronée. Il nécessite certes des engagements importants que l’État, à de nombreuses reprises par le passé, a choisi d’ignorer. Face à ce constat, les pouvoirs publics ont désormais une mission essentielle : innover dans l’accès à la culture et dans le financement des travaux indispensables à la conservation de notre patrimoine.
C’était précisément ce qu’avait en tête le Président de la République, dès 2017, lorsqu’il a mobilisé Stéphane Bern pour une mission qui a débouché sur la loterie du patrimoine. Celle-ci a fait figure de succès commercial et populaire, voire citoyen : elle a permis aux Français d’exprimer leur intérêt pour le patrimoine bâti et a répondu à l’appétence du public pour le financement participatif. La loterie a suscité des dons et des projets, car la médiatisation a augmenté le mécénat des particuliers : par exemple, la restauration de la maison de Pierre Loti à Rochefort.
Des associations se sont créées pour porter des projets nouveaux partout en France, et l’État a pu renouer avec les collectivités territoriales, revenues à la table des financeurs dans de nombreux cas, notamment pour les phases ultérieures pour lesquelles aucun crédit issu du Loto du patrimoine n’était prévu. La mission d’évaluation a d’ailleurs établi que les Français financent plus volontiers des projets proches de chez eux, ou qui leur tiennent à cœur. Les
Bretons sont ainsi très fiers que le Fort Cigogne ait fait partie des projets retenus. Cela a aussi permis de donner de la visibilité à un patrimoine souvent ignoré, comme le patrimoine industriel, et donc de fournir aux habitants une meilleure image de leur cadre de vie.
Il semble que notre nouvelle ministre de la Culture s’inscrive également dans une dynamique d’innovation au sein des offres de découverte du patrimoine. Roselyne Bachelot évoque par exemple – et à très juste titre – le besoin de concilier culture patrimoniale et culture numérique. Accélérer la transition numérique, c’est réinventer l’exploration, permettre des visites immersives des lieux et expositions.
Remédier au déficit de notoriété que connaissent trop souvent les sites patrimoniaux de nos territoires – en particulier auprès des jeunes – est on-ne-peut-plus actuel. C’est un axe central du plan de relance présenté par le Gouvernement au début du mois de septembre 2020, à l’instar des 80 millions d’euros destinés au « plan cathédrales », qui exclut Notre-Dame-de-Paris.
L’écueil à éviter dans ce type de politique, comme dans de nombreuses autres, demeurera toujours le saupoudrage mais la volonté est là : valoriser le patrimoine local.

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