Tribune accordée au Trombinoscope.
« Le logement ce n’est pas que le logement. Le logement c’est la place qu’on a dans la société, c’est son enracinement, c’est la place qu’on a dans la vie » déclarait Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, en 2017. Son constat était juste et l’est encore. À nous, législateurs, de favoriser l’accès de chaque Français à un logement digne.
Il s’agit d’un sujet traité à bras le corps au cours de cette mandature. La très bonne proposition de loi portée par Jean-Luc Lagleize, vise ainsi à réduire le coût du foncier et à augmenter l’offre de logements accessibles aux Français. Autre exemple, le projet de loi dit « 4D » – différenciation, décentralisation, déconcentration et décomplexification – aura pour objectif, en donnant plus de libertés aux collectivités, d’adapter l’offre de logements aux territoires, au plus proche des Français.
Leurs préférences en matière d’habitat ont, par ailleurs, évolué au cours des dernières années. Et c’est heureux ! Nos concitoyens, sensibilisés et concernés par la cause environnementale, ont un œil attentif sur les consommations de ressources et d’énergie de leur logement, ses émissions de gaz à effet de serre. Toute construction en génère inévitablement, mais dorénavant les Français surveillent ces critères. Or, favoriser l’écoconstruction passera inévitablement par la réduction du poids de l’écologie dans le « budget logement ».
Réduire les coûts des matériaux de construction biosourcés – le chanvre, par exemple – implique d’accompagner la montée en puissance de leurs filières. Il peut ainsi se mettre en place un rôle proactif de la commande publique, par l’exigence des pouvoirs publics d’un pourcentage conséquent d’isolants biosourcés dans leurs marchés. En outre, la communication grand public visant à faire connaitre ces produits a vocation à être amplifiée.
Des considérations équivalentes s’appliquent à la filière bois. Pour 16 millions d’hectares, la France compte 440 000 emplois. À titre de comparaison, l’Allemagne en compte un million, pour 11 millions d’hectares. Ces chiffres ne doivent pas servir à nous décourager mais, au contraire, à nous faire prendre conscience du potentiel formidable de notre pays en matière de construction en bois. Cette industrie doit être poussée ! À l’instar des constructions d’Europe du Nord, par exemple, nous devons développer cette culture de bâti, faire baisser les différents coûts qui pèsent sur les acheteurs en encourageant des économies d’échelle chez les constructeurs vertueux.
Comment ? Créer un bonus/malus sur les produits de construction ;intégrer dans les marchés publics la notion de stockage carbone, pour la construction neuve comme pour la réhabilitation, en s’appuyant sur le label « bâtiment biosourcé ». La fiscalité est aussi un levier capital. Il peut être mis en place en place une imposition incitative promouvant la construction bas carbone, et inciter ainsi les maîtres d’ouvrage à se saisir du « permis d’expérimenter ». Ils auront ainsi tout intérêt à travailler sur les éco-matériaux et réduire les coûts de construction.
En somme, les solutions existent, et ne demandent qu’à être exploitées. Comme tous les secteurs, la construction et l’immobilier ont souffert de l’arrivée du coronavirus en 2020. Faisons de cette crise une formidable opportunité, faisons du bois et de tous les biosourcés les matériaux de la relance.