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Netflix, Disney+, Amazon Prime : pourquoi les députés pourraient faire évoluer votre télécommande ?

Article de France Live.

Publié le 22/12/2021 à 16h36 Rédigé par Julien CHAILLOU

Depuis le 14 décembre, une commission d’enquête parlementaire est conduite à l’Assemblée nationale sur la configuration des boutons de télécommandes des téléviseurs. Pourquoi les députés s’intéressent-ils à ce sujet ? Eléments de réponse avec Sophie Mette, co-rapporteure de cette mission flash.  

Des membres de l’Assemblée nationale planchent en ce moment au devenir des… télécommandes de téléviseurs. « C’est vrai que le sujet peut faire sourire, mais la problématique posée est plus importante qu’il n’y paraît », tranche Sophie Mette, co-rapporteure d’une mission flash consacrée à ce sujet.

Débutée le 14 décembre dernier, cette commission d’enquête parlementaire rapide devrait rendre ses conclusions dans la dernière quinzaine du mois de février. L’objectif affiché est de  « préserver la concurrence entre les acteurs ». Pour bien comprendre l’intérêt des parlementaires à ce sujet, il faut savoir qu’une fronde est menée actuellement par plusieurs chaînes de télévision contre les fabricants de téléviseurs et box des opérateurs télécoms.

La raison de leur courroux : ces derniers mettraient trop en avant les plateformes de streaming en ligne que sont Netflix, Disney+ ou encore Amazon Prime. Comment cela se traduit-il ? Par l’apparition et la multiplication des boutons spécifiques sur les télécommandes qui donnent un accès direct à ces plateformes au détriment parfois d’un classique clavier numérique. 

« C’est la jungle »

Ce sujet particulier constitue « un point d’entrée » selon Sophie Mette a un problème bien plus général qu’est celui de la place et la puissance acquises par les nouvelles plateformes de streaming venues bien souvent des Etats-Unis. 

Parmi les dirigeants de l’audiovisuel français les plus remontés sur le sujet, il y a Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions. « Sur les box, on est présent mais au bon vouloir des opérateurs télécoms. Pour ce qui des télévisions connectées, je ne sais pas ce qu’il en sera demain car c’est la jungle », a-t-elle déclarée lors du dernier festival Medias en Seine. 

De son côté, Sophie Mette est plus mesurée mais concède que « la situation actuelle peut évincer certains diffuseurs français » et qu’il vafalloir « réussir à les protéger ». En conséquence, les parlementaires veulent donc « faire une photographie de l’existant » avant de rendre « des préconisations » qui pourrait, le cas échéant, prendre la forme d’une réglementation ou d’un décret spécifique en la matière. 

Respecter la libre concurrence

Si plusieurs médias, ce faisant le relais d’un article paru dans Les Echos, ont évoqué une potentielle interdiction des boutons spécifiques permettant l’accès direct aux plateformes de streaming, la députée Modem de la 9e circonscription de Gironde joue la carte de la prudence.

« Il faut prendre en compte la notion de libre concurrence. Il faudra sûrement réglementer sur ce sujet mais l’interdiction me semble délicate à mettre en place », indique-t-elle. D’autant plus qu’une difficulté se pose : « Aucun fabricant de télécommande n’est installé en France ou en Europe. Quant aux plateformes, elles viennent des USA. » Ainsi, faire preuve de « protectionnisme » en la matière lui semble bien compliqué. 

Pour ce faire une idée des enjeux et des positions de chaque acteur du secteur, les membres de la mission flash vont multiplier les auditions. « Nous avons prévu d’interroger le CSA, France Télévisions, TF1, Canal+, Amazon, Netflix, Disney, le Ministère de la Culture, les opérateurs que sont SFR, Orange, Bouygues ou encore Molotof.tv », énumère la co-rapporteure qui partage cette responsabilité avec la députée Michèle Victory (Socialistes et apparentés). 

La télé connectée gagne du terrain

L’enjeu de la mission flash n’est pas aussi anodin que cela. Il touche du doigt une évolution majeure de la façon de consommer la télévision. Pour preuve : en 2020, en France, il s’est vendu environ 3,3 millions de télévisions connectées. Un chiffre en hausse de 35% comparé à l’année précédente. 

Leur vente représente également trois quarts des téléviseurs achetés au premier semestre 2021, selon GfK. « Les grands fabricants comme Samsung et LG font des deals mondiaux avec Netflix. Et les télécommandes de ce type sont de plus en plus nombreuses ces dernières années », regrette un spécialiste d’une grande chaîne française auprès du quotidien d’information économique.

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