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« On a aussi notre liberté de vote » : la réponse des députés girondins cibles des opposants à la réforme des retraites

03/2023 : Fin du processus législatif de la réforme des retraites

Article du Figaro Bordeaux.

Par Marie-Hélène Hérouart

Publié le 21/03/2023 à 15:39

Entre dimanche et mardi matin, les permanences de quatre députés girondins siégeant à Paris ont été taguées en leur absence par des opposants à la réforme des retraites.

Ils ont été visés parce qu’ils sont dans la majorité. Et qu’ils n’ont pas voté en faveur des deux motions de censure déposées après l‘activation du 49-3 par le gouvernement pour forcer l’adoption du projet de loi sur la réforme des retraites. Entre dimanche et mardi, la préfecture de la Gironde a déploré les dégradations de quatre permanences de députés : Sophie Panonacle (Renaissance), Sophie Mette (Modem), Frédéric Zgainski (Modem) et Pascal Lavergne (Renaissance). Ces trois derniers ont porté plainte.

«Nation révoltée» et «élus vous rendrez des comptes» ont ainsi été inscrits mardi matin sur la permanence pessacaise de Frédéric Zgainski, qui considère qu’il s’agit de «menaces». À Bazas, la collaboratrice de Sophie Mette trouvait également à l’entrée de leurs locaux des inscriptions toutes aussi explicites telles que «49-3 c’est non ! Prépare-toi» ou encore «49-3 on n’oubliera pas ! Tous dehors». Victime de tags haineux pour la troisième fois depuis le début de l’année, Frédéric Zgainski condamne avec «indignation» la méthode des opposants à la réforme des retraites. «Je suis un démocrate ouvert à la discussion et au débat. Ce n’est pas une manière de fonctionner», fustige-t-il, en soulignant «la violence» à laquelle sont exposés les collaborateurs.

Ceux qui ont voté la motion de censure doivent se conformer à son résultat comme ils se seraient conformés à un vote sur la réforme des retraitesDéputé de la Gironde, Pascal Lavergne (Renaissance)

«Inadmissible»

De concert, Sophie Mette, dont le siège subissait de telles dégradations pour la première fois, s’est dite «atterrée» par de telles actions qu’elle n’imaginait pas possible à Bazas. «Les messages sont agressifs. C’est inadmissible : on a aussi notre liberté de vote», poursuit celle qui siégeait dans un Paris saccagé et défiguré lorsque les faits ont été commis. Reconnaissant qu’elle «aurait préféré voter cette loi (sur la réforme des retraites, NDLR) et que cela n’a pas été possible» en raison de l’usage du 49-3 par Élisabeth Borne, l’élue s’oppose «à toute forme de violence».

La députée Modem, dont la permanence avait été approchée mardi dernier par quatre ou cinq manifestants de la CGT dans un «esprit bon enfant» selon l’un de ses assistants parlementaires, se dit ouverte au dialogue et dénonce ceux qui jettent de l’huile sur le feu comme Louis Boyard. Elle juge ainsi très critiquable que le député LFI ait publié sur Twitter la liste des députés – qui est publique — n’ayant pas soutenu les deux motions de censure rejetées à 9 voix près. Une publication, qualifiée de «Blacklist (liste noire, NDLR)» par son opposant, qui est assortie de l’assertion «Retenez leurs noms».

Critiquant une action «regrettable» qui touche aussi le cabinet infirmier abrité dans son immeuble à Monségur, le député Pascal Lavergne déclare au Figaro avoir tout sauf l’intention de céder à «des tentatives d’intimidation indignes et lâches qui s’expriment dans le secret de la nuit». Considérant que «la démocratie a un outil qui s’appelle le vote», l’éleveur de bovin girondin prévient : «Ces dégradations m’incitent à camper sur mes positions». Avant de tancer ses adversaires politiques : «Je suis désolé mais ceux qui ont voté la motion de censure doivent se conformer à son résultat… comme ils se seraient conformés à un vote sur la réforme des retraites».

Contactée à plusieurs reprises, Sophie Panonacle, élue à Arcachon, n’a pour l’instant pas répondu à nos sollicitations.

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