Tribune accordée au Trombinoscope.
« Se donner une nouvelle stratégie visant la neutralité carbone à l’horizon 2050 », c’est le nom de l’axe 11 du Plan climat qu’adopté le Gouvernement Philippe dès le mois de juillet 2017. Le domaine de l’habitat est nécessairement concerné par une telle résolution. En Nouvelle-Aquitaine par exemple, plus grande région de France, le bâtiment est de loin le secteur le plus consommateur d’énergie : il représente 41% de l’énergie finale consommée, principalement pour un usage chauffage[1].
Au sein du groupe d’étude dédié à l’éco-construction dont je suis récemment devenue la Présidente, nous devrons réfléchir au développement d’une approche bioclimatique des bâtiments, voire des quartiers. Les pistes sont nombreuses, elles vont de l’installation de ventilations naturelles à la réduction de consommation énergétique (surtout si l’énergie n’est pas renouvelable !), en passant par une meilleure gestion des déchets et des eaux pluviales.
Les réflexions en termes d’éco-construction doivent quoiqu’il en soit suivre un axe capital : la mobilisation des acteurs et ressources locaux. Comme dans chaque démarche d’économie circulaire, la coopération de tous les acteurs de la chaine est essentielle, et l’échelle territoriale est incontournable pour la connaissance et la mobilisation des ressources. Les entreprises et artisans engagés dans l’éco-construction y trouvent l’opportunité de favoriser l’économie locale et de recruter. Le foisonnement des chantiers participatifs, qui quant à eux s’appuient sur l’intervention de bénévoles, favorise le lien social sur nos territoires. Les agriculteurs, enfin, ont également un rôle à jouer grâce à la production de matériaux biosourcés, tels que la paille, qui réduit les déchets et émissions de gaz à effet de serre liées aux de matières fossiles.
L’élément dont la place au sein des chantiers d’éco-construction est aussi naturelle que centrale demeure toutefois le bois. De par sa capacité à capter le carbone, des émissions de CO2 sont définitivement évitées par le recours au matériau-bois plutôt qu’à des matériaux de référence comme l’acier, l’aluminium ou le plâtre. Malgré le potentiel de la France, de nombreux bâtiments construits en bois dans notre pays le sont à partir de bois importés. Pour les économies territoriales comme pour notre action contre le changement climatique, le soutien à notre filière bois, à savoir le renforcement de sa capacité et de sa compétitivité, représente un impératif. Cela suppose un soutien parallèle à la formation de professionnels sur les techniques d’éco-construction qui, compte tenu du potentiel de débouchés au sein de la filière, ne pourra être qu’une aubaine pour l’emploi.
Je terminerai en disant que l’utilisation de ces éléments peut être optimisée par une méthode de travail dont la pertinence a d’ores-et-déjà été actée par notre groupe d’étude : le Building Information Modeling (BIM). Il s’agit de mettre à disposition de tous les acteurs de l’éco-construction des outils numériques qui facilitent leur communication et leur information sur chaque étape de la vie d’un bâtiment, anticipant ainsi les éventuels problèmes de construction. Ou quand la technologie est mise au service de la synergie et de l’écologie !
[1] AREC, 2018, Chiffres clés énergie et gaz à effet de serre. Région Nouvelle-Aquitaine. Données 2016
