Depuis 2019, les vignerons bordelais font face aux aléas climatiques

Article des Nouvelles du Jour.

Alors que certains domaines s’apprêtent à démarrer les vendanges, la quasi-totalité des vignes de la région est touchée par des attaques de mildiou favorisées par les conditions climatiques.

Les vignerons bordelais parlent tous d’une situation inédite pour le millésime 2023. Et pour une bonne raison. Au niveau national, la production de vin est attendue « au niveau moyen » à près de 45 millions d’hectolitres selon le service statistique du ministère Agreste. Mais les quelque 5 300 vignerons de la région font exception.

Selon de récentes estimations de la chambre d’agriculture de Gironde, plus de 90 % des quelque 108 000 hectares de Bordeaux seraient attaqués par le mildiou, une maladie causée par un parasite microscopique, mi-algue mi-champignon, qui proliférait en faveur de l’association, au printemps, de fortes chaleurs et d’orages accompagnés de fortes pluies.

Impossible pour le moment d’évaluer les dégâts avec précision. Le mildiou ne sera pas plus sévère, mais le vignoble risque encore de souffrir des intempéries d’ici le début des vendanges, attendues début septembre pour le Sauvignon Blanc et mi-septembre pour le Merlot (environ 60% des surfaces) , selon le directeur de la communication du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Christophe Château. Qu’elle soit conventionnelle ou biologique, aucune viticulture n’est épargnée par l’épidémie.

Reconnaissance de l’état de calamité agricole

La situation est tellement critique que trois députés girondins, Pascal Lavergne, Sophie Mette et Florent Boudié, ont adressé il y a un mois un courrier au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Leur objectif : faire reconnaître l’état de calamité agricole du vignoble bordelais. « Il faut faire bouger les lignes pour que ce système d’assurance soit le plus efficace possible, a insisté ce mercredi au micro de BFM Business Jean-Marie Fabre, président des Vignerons Indépendants de France. Nous demandons aux assureurs de soutenir le traitement de ces maladies qui sont une conséquence directe du changement climatique.

Même son de cloche du côté du CIVB par l’intermédiaire de son vice-président Bernard Farges qui a estimé dans Le Figaro que « cet excès d’eau est un accident climatique qui doit être couvert par une assurance, car il va au-delà du phénomène naturel de maladie ». Dans L’Express, Laurent Bernos a inscrit l’épidémie dans la longue liste des aléas climatiques récents qui ont frappé la profession ces dernières années, entre gelées tardives, fortes grêles ou encore sécheresse.

Vaste plan d’arrachage sanitaire

Cette épidémie de mildiou intervient au moment où le CIVB a voté mi-avril un plan d’arrachage sanitaire qui concerne un tiers des viticulteurs. Près de 10.000 hectares de vignes (soit environ 10% de la surface cultivée) devraient être arrachés à Bordeaux, après les vendanges, pour réguler l’offre et rétablir les prix dans le cadre de ce plan cofinancé par l’Etat et le CIVB à hauteur de 57 millions d’euros.

La France subventionnera également la destruction des surplus de vins rouges et rosés (le vin sera distillé en alcool à usage non alimentaire). Si le plan d’arrachage ne concerne que les vignes capables de produire les cinq dernières années jusqu’en 2022, certains vignerons plaident pour un ciblage des vignes abandonnées qui favorisent les maladies.

Comme l’expliquait Jean-Marie Fabre en début de semaine, le vignoble bordelais est plombé par un problème de surproduction estimé à un million d’hectolitres. « Il y a des viticulteurs et des viticulteurs qui ont encore des volumes en stock car le marché français est en baisse et les conditions du gros export ont été perturbées, soulignait en milieu de semaine le président des Vignerons Indépendants de France. Il faudra mieux comprendre la mise en place de notre production pour qu’elle colle à la demande et au volume commercialisable. »

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